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Record d’émancipation pour George Tyler Jr., dont les parents ont réussi à acheter sa liberté à l’Université Saint Louis. Image fournie par le Jesuit Archives & Research Center.

Matilda Tyler (parfois orthographié Tylor ou Taylor, née Matilda Hawkins ou peut-être Queen) était l’une des nombreuses personnes dont le travail forcé a contribué au succès des missions du Missouri et de la Nouvelle-Orléans. C’était une femme courageuse, forte et persévérante. Matilda Tyler a réussi à acheter non seulement sa propre liberté, mais aussi celle de ses cinq fils.

Les registres du recensement fournissent des informations contradictoires sur l’année et le lieu de naissance de Matilda, mais le recensement de 1880 indique qu’elle est née en 1815 à Washington D.C., probablement la fille de Proteus et d’Anny Queen, un couple tenu en esclavage par les jésuites. Les chercheurs pensent qu’elle est arrivée à Saint-Louis en tant que membre d’un grand groupe d’esclaves amenés de la plantation jésuite de White Marsh dans le Maryland en 1829 par le jésuite Charles Van Quickenborne. Ces deux familles ont d’abord été forcées de travailler à la ferme des jésuites de Florissant, mais finalement plusieurs, dont Matilda Tyler, ont été envoyés travailler au Saint Louis College (aujourd’hui l’Université de Saint Louis).

Avec le nom de jeune fille de Hawkins (ou Queen), Matilda Tyler était probablement liée à certains des plus de 272 esclaves vendus par la province jésuite du Maryland en 1838 pour aider à payer les dettes de l’Université de Georgetown. Il y avait aussi des Queens et des Hawkins qui ont intenté une action en justice pour leur liberté dans le Maryland et dans le district de Columbia au 18e siècle. Il est possible qu’elle vienne d’une famille initiée dans la recherche de moyens pour atteindre leur liberté.

Matilda était mariée à George Tyler. Il est né en Virginie aux alentours de 1803. Nous ne savons pas encore comment George Tyler est arrivé au Missouri, mais il a probablement été déplacé de force ou vendu là-bas par un propriétaire. C’est là où il a rencontré et épousé Matilda Hawkins. Il a obtenu son émancipation en 1847 d’Anthony Miltenberger, un commerçant de Saint-Louis.

Matilda et George ont eu cinq fils et deux filles : Edward (né en 1832), George Jr. (né environ en 1834), Thomas (né environ en 1836), Samuel (environ 1841-1903), Anna (qui nous croyons est décédée quelques jours après sa naissance en 1842), Charles H. (1845-1899) et Joanna ou Georgia (1850-1853). Il existe certaines divergences dans les registres concernant les années de naissance de quatre des garçons.

Matilda Tyler et ses enfants ont travaillé au Saint Louis College (Université) comme esclaves. Selon la loi du Missouri de l’époque, les esclaves étaient autorisés à acheter leur liberté, et Matilda Tyler a donc commencé à prendre des dispositions avec les jésuites pour acheter sa propre liberté et plus tard, celle de ses fils. Une inscription de 1847 dans les registres du Trésor de la province, sous le titre « Matilda, servante de couleur » se lit comme suit : « Elle doit avoir sa liberté si elle paie 300 $ à l’église St. Fr. Xavier Church. » Les dossiers indiquent qu’elle avait effectivement acheté avec succès sa liberté et celle de son plus jeune fils, Charles, le 1er août 1848 grâce à quatre dépôts totalisant 300 $ (environ 9,000 $ en dollars de 2018. L’argent est allé au St. Francis Xavier Church, où elle et son fils Thomas reçurent un an plus tard le sacrement catholique de confirmation.

Cette page du grand livre du trésor de la mission du Missouri montre les paiements effectués par Matilda Tyler pour acheter sa liberté à l’Université de Saint-Louis. Image fournie par le Jesuit Archives & Research Center.

Les Tylers ont ensuite acheté la liberté de leurs quatre fils restants. George Tyler a acquis sa liberté en 1847 et Matilda l’année suivante. Elle lavait les vêtements pour gagner sa vie et George conduisait un wagon. Nous ne savons pas comment ils ont réussi à gagner et à épargner une somme aussi importante, même si leurs fils ont probablement contribué. Nous savons que Matilda Tyler a continué de garder un compte auprès de l’Université Saint-Louis alors qu’elle effectuait des paiements pour la liberté de ses fils.

Le 24 janvier 1859, le conseil d’administration de l’Université Saint-Louis décida de libérer de l’esclavage « Edmond (Edward), 27 ans, George, 25 ans, Thomas, 23 ans et Samuel Tyler, 18 ans, fils de George et Matilda Tyler. » Le 19 janvier 1859, l’Université Saint-Louis signa des actes légaux d’émancipation pour Edmond, George, Thomas et Samuel.

Matilda Tyler et ses fils ont obtenu leur licence de liberté en 1861, une dépense supplémentaire. Sa caution de 500 $ comprenait Sam et Charles, ses plus jeunes fils; George Jr., Thomas et Edward ont chacun payé 500 $ pour leurs obligations. Dans les obligations de liberté de 1861, Edward et Thomas sont tous deux répertoriés comme des conducteurs de wagons qui transportaient des marchandises (draymen); George Jr. était un nettoyeur.

Acte d’émancipation pour Samuel Tyler, 18 ans, qui le décrit comme « de couleur cuivrée et marqué d’une petite cicatrice sur le coin du front », si son statut d’homme libre devait un jour être remis en question. Image fournie par le Jesuit Archives & Research Center.

Dans l’annuaire de Saint-Louis de 1860, Matilda Tyler est répertoriée comme une veuve. La date du décès de son mari George n’est pas claire (environ 1850-1854) et son lieu de sépulture est inconnu. En tant que veuve, Matilda Tyler vivait avec ses fils Charles et Thomas Tyler dans une résidence dans la ruelle derrière les 9e et 10e rues entre Morgan (aujourd’hui Delmar) et Franklin, non loin du campus du centre-ville d’origine de l’Université de Saint-Louis. En 1871, elle vivait avec son fils Charles H. Tyler sur l’avenue Wash au coin de Boston dans le quartier Ville de Saint-Louis. En 1883, Charles achète une propriété au 4148 rue Lucky (maintenant Aldine) dans le quartier Ville et la famille Tyler y a résidé en 1885.

Charles H. Tyler a acheté la propriété dans le quartier Ville, un quartier noir émergeant de la classe moyenne, alors que sa carrière dans les affaires et la politique locales devenait plus fructueuse. En 1871, Charles avait travaillé comme porteur pour Sigemund Archenhold, propriétaire de S. Archenhold & Co. L’année suivante, il s’associe à Archenhold, vendant du vin et de l’alcool. Ils ont travaillé ensemble jusqu’en 1879. En 1880, Charles avait établi son propre bar (saloon) avec son collègue et ami Henry Bridgewater. En tant que partenaires d’affaires, Tyler et Bridgewater ont exploité des bars à différents emplacements de Saint-Louis au cours des années 1880 et ils ont ensemble géré l’équipe de baseball Black Stockings de Saint-Louis, une des premières équipes de baseball de Noirs du pays. Sylvester Chauvin, le cousin germain de Charles une fois retiré, était un joueur vedette de l’équipe.

Charles H. Tyler faisait partie d’un groupe d’élites de membres noirs du Parti républicain de Saint-Louis connu comme les « Colored Silk Stockings ». L’historien de l’art James E. Brunson III dit que ces hommes « ont crée des projets civils, ont tenu des galas et ont organisé des élections. » Avec un groupe sélect de Noirs de Saint-Louis, Charles a aidé à préparer le cortège funèbre du président Ulysses Grant. Il était un assistant du grand maréchal dans la division des hommes noirs qui ont déposé une gerbe sur la tombe du président Grant. Avec un autre groupe de dirigeants afro-américains, Charles Tyler a fondé la « Coloured Immigration Aid Society », une organisation dédiée à la collecte de fonds pour permettre aux Noirs américains d’émigrer du sud des États-Unis vers différentes régions du pays plus sécuritaires pour les personnes de couleur.

Cet article du Post-Dispatch de Saint-Louis de 1885 parle de Charles Tyler et de sa campagne de maréchal de la ville de Saint-Louis, le décrivant comme « un candidat brave, honnête et compétent pour le poste pour lequel la convention républicaine l’a nominé. »

En 1885, Charles a fait campagne pour être maréchal de Saint-Louis. Un groupe de dirigeants politiques afro-américains l’a décrit comme étant « un candidat courageux, honnête et compétent » avec un « caractère sans tache pour l’intégrité et la capacité et dans la vie privée et sociale un caractère d’une pureté incontestée. » La candidature de Charles a échoué, mais il a continué à s’impliquer dans la politique locale, notamment en organisant des réunions politiques de l’African American St. Louisans à son bar. En juillet 1890, les résidents noirs de Saint-Louis ont assisté à un débat sur le rôle du gouvernement fédéral. Lors d’une autre rencontre en août 1890, les participants ont discuté de Chas. F. Wenneker. Charles aurait peut-être modéré la discussion, centrée sur l’affirmation selon laquelle Wenneker avait ignoré les demandes des personnes de couleur de son district et du Parti républicain. Charles H. Tyler est décédé le 21 octobre 1899 d’une paralysie progressive.

Les chercheurs ont retracé avec succès trois générations successives de la famille Tyler grâce à Charles. Il épousa Margaret Howard et ils eurent ensemble deux filles et un fils : Cecelia (souvent appelée Celia, née en 1872), John George (1873) et Estelle (parfois Estella, née environ en 1875).

Celia Tyler a épousé James Franklin (né en 1868) en 1892 et ils ont eu un fils, James Tyler Franklin, né en 1894. James Tyler Franklin a épousé Ivy C. Booker (1894-1959) en 1920. Il est décédé le 12 avril 1965, apparemment sans enfant, et il a été enterré au cimetière de Washington Park dans le comté de Saint-Louis au Missouri.

Matilda Tyler a été remplie de chagrin après le décès de son plus jeune fils Charles. Le Post-Dispatch de Saint-Louis a rapporté que « le chagrin causé par la mort de son fils a déséquilibré son esprit » et elle a été placée à l’asile de la ville. Matilda Tyler y est décédée le 20 janvier 1901. Ses funérailles ont eu lieu dans sa maison familiale au 4148 rue Lucky et ont été conduites à la paroisse St. Matthew. Elle a été enterrée dans la parcelle familiale que Charles avait achetée au cimetière Calvary. Sa tombe n’est pas marquée.

Les recherches généalogiques sur la famille Tyler se poursuivent, utilisant des documents d’archives tels que les annuaires de la ville et les églises, les recensements, les biens et les registres de décès. Nous savons que de nombreux descendants de Matilda vivaient dans le quartier Ville de Saint-Louis sur la rue Lucky (maintenant Aldine), Cote Brilliant et West Belle Place. Beaucoup sont enterrés au cimetière Calvary, indiquant que la famille est restée catholique, mais leurs tombes sont sans épitaphe.

Nous rendons hommage à Mathilde et à d’autres comme elle alors que nous continuons à en apprendre davantage sur la vie des hommes, des femmes et des enfants qui ont été réduits à l’esclavage.

Pour en savoir plus sur nos efforts pour prendre contact avec les descendants d’esclaves, veuillez cliquer ici. Si vous pensez être lié à la famille Tyler, veuillez contacter l’équipe du projet Esclavage, histoire, mémoire et réconciliation à shmr@jesuits.org ou 314-758-7159.

Pour en savoir plus sur nos efforts pour prendre contact avec les descendants d’esclaves, veuillez cliquer ici. Si vous pensez être un descendant de la famille Tyler, nous vous invitons à nous contacter à l’adresse courriel shmr@jesuits.org ou par téléphone au 314-758-7159.

Cette recherche a été compilée par Kelly. Schmidt, Jasmine Molock et Jeff Harrison S.J.

Citation recommandée : Kelly L. Schmidt, Jasmine Molock et Jeff Harrison, Matilda Tyler and Her Family, Projet « Esclavage, histoire, souvenir et réconciliation », 2020.

Mise à jour : juin 2020

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