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Qui étaient les pères Javier et Joaquín?

Le père Javier « Gallo » et le père Joaquín avaient gagné l’affection de la communauté Rarámuri, groupe autochtone de la Sierra Tarahumara. Ils ont tous deux donné leur vie au service des Autochtones et à la défense des droits de la personne dans une région en proie au crime et à la violence.

Le 20 juin 2022, un groupe armé dirigé par le chef du crime local José Noriel Portillo Gil a fait entrer un guide touristique nommé Pedro Palma dans l’église de San Francisco pour qu’il soit exécuté à côté de l’autel. Les pères Javier et Joaquín ont tenté de le défendre. Tous trois ont été tués.

Deux autres membres de la communauté jésuite avaient été témoins des assassinats. Sourd à leurs supplications, Portillo Gil emporta les corps. Les autorités allaient les retrouver deux jours plus tard, à 81 kilomètres de la paroisse.

Ressources

Le père Gallo (au centre) porte une couronne tarahumara traditionnelle pour célébrer Noël.

Le père Joaquin fête ses 50 ans de ministère à Tarahumara.

Une violence endémique au Mexique

Le meurtre des prêtres et du guide touristique n’est malheureusement pas un incident isolé. Pour le Centro Prodh, organisme jésuite de défense des droits de la personne, ce drame est emblématique d’une crise persistante au Mexique et de l’échec du modèle de sécurité militarisé qui prévaut dans le pays. Depuis le début de ce qu’on appelle la « guerre contre la drogue » en 2006, la crise ne cesse de semer l’horreur : 35 000 homicides sont signalés chaque année, moins d’un homicide sur dix est résolu et on compte plus de 100 000 personnes disparues.

Des régions comme celle de Tarahumara, dans l’État de Chihuahua, sont particulièrement touchées par cette crise et cette violence en raison de la forte présence de groupes criminels organisés, impliqués notamment dans le trafic de drogue et dans l’exploitation forestière et minière, qui se disputent constamment le contrôle de la zone. Dans ce contexte, plusieurs défenseurs des droits de la personne ont été menacés, agressés et même exécutés.

Portillo Gil est membre du cartel de Sinaloa, la plus grande et la plus puissante organisation de narcotrafic de l’hémisphère occidental. Outre ces trois meurtres, il est responsable de l’assassinat d’un enseignant américain en 2018 et d’un militant en 2019; il est sous le coup d’un mandat d’arrestation depuis 2018. Malgré sa notoriété, il a toujours échappé aux poursuites en achetant et en infiltrant les autorités locales.

Les jésuites de Tarahumara travaillent donc dans un contexte où le crime organisé, dirigé par l’individu même qui a tué leurs confrères, contrôle de facto toute la région.

Un monument dans le nord du Mexique rend hommage aux personnes disparues et assassinées.

Que font les jésuites?

Depuis le meurtre du père Javier, du père Joaquín et de Pedro Salma, l’enquête marque le pas. L’identité de l’assassin a beau être connue, les autorités mexicaines n’ont toujours pas arrêté Portillo Gil. Il est en liberté et continue de menacer les témoins de ses meurtres. Les jésuites craignent maintenant des représailles et une violence continue de la part du cartel de Sinaloa.

En réponse, les jésuites mexicains et américains demandent aux autorités mexicaines de lutter contre la violence du cartel et de traduire Portillo Gil en justice. Ils leur demandent également d’assurer la protection de la communauté jésuite dans la région.

Vous pouvez lire ici leurs déclarations.

Le père Joaquin fête ses 50 ans de ministère à Tarahumara.