Afin de franchir une étape importante sur la voie de la guérison, les jésuites se sont engagés à examiner l’histoire de leurs pensionnats pour élèves autochtones.
De 1819 jusqu’aux années 1960, les politiques du gouvernement fédéral américain ont visé à assimiler les peuples autochtones à la culture blanche. Les lois et les politiques sur les pensionnats furent l’un des principaux moyens mis en œuvre pour atteindre cet objectif. La loi rendait obligatoire la fréquentation de ces établissements et il était interdit aux élèves de parler leur langue ou de pratiquer leur culture. Cette histoire alimente un traumatisme cyclique dans de nombreuses communautés tribales.
Plusieurs pensionnats étaient dirigés par des instituts religieux catholiques, dont les jésuites. Les anciens élèves ont vécu le pensionnat de différentes façons ; certains se disent reconnaissants pour l’éducation reçue, mais nombreux sont ceux pour qui le pensionnat est le lieu où on leur a volé leur identité autochtone. De manière générale, il est clair qu’avant les années 1960, les pensionnats et leurs programmes obéissaient à un objectif global visant à éradiquer les cultures autochtones au profit de la culture américaine blanche.
Des jésuites aux côtés d’étudiants Lakota à l’extérieur de la mission Holy Rosary (vers 1890-1900, avec l’aimable autorisation de la Red Cloud Indian School).
Les filles de l’école primaire de la mission Holy Rosary brandissent des banderoles (vers 1890-1920, avec l’aimable autorisation de la Red Cloud Indian School).
Consternés, nous reconnaissons que la Compagnie a participé à ces politiques d’assimilation qui séparaient les familles et supprimaient les cultures autochtones, contrairement aux principes fondamentaux de notre foi catholique . Nous scrutons cette partie de notre histoire et nous mettons à disposition les documents que nous détenons afin que d’autres puissent le faire également. L’ouverture, la transparence et la connaissance de notre histoire sont essentielles pour prendre en compte les péchés de notre passé et avancer ensemble vers la guérison.
Aux États-Unis, la Conférence jésuite a engagé un chercheur pour préparer une liste complète des pensionnats administrés par la Compagnie et établir la pertinence des documents que nous conservons dans nos archives. On trouvera ci-après le lien à une liste préliminaire.
Au Canada, où les Jésuites ont dirigé un pensionnat, un engagement sérieux dans ce dossier donne déjà des fruits. Deux livres ont été publiés sur le pensionnat en question : Indian School Days, de Basil Johnston, et More Than Mere Talent, du Dr David Shanahan. De 2008 à 2015, les jésuites ont participé pleinement à la Commission de vérité et réconciliation (CVR) sur les pensionnats indiens. En 2013, les jésuites du Canada anglais ont publié une déclaration officielle d’excuses et de réconciliation : « très sincèrement, nous sommes profondément désolés d’avoir blessé des individus, des familles et des communautés en participant au système des pensionnats canadiens. » Depuis, les jésuites continuent de travailler à la réconciliation, notamment en soutenant l’accès à l’éducation et l’équité en éducation pour les jeunes autochtones. Ils appuient également les efforts qui se poursuivent afin de faire revivre les langues et les cultures autochtones gravement compromises par les pensionnats.
Même s’il reste difficile de regarder en face ces pages sinistres de notre passé, nous nous réjouissons de voir que cette question importante retient aujourd’hui davantage l’attention aux États-Unis. Conscient de l’expérience canadienne, le Bureau Justice et Écologie de la Conférence jésuite a approuvé un projet de loi visant à instituer aux États-Unis une commission analogue à la CVR. Cette commission permettrait d’examiner le dossier en profondeur. Or ce n’est qu’en acceptant de regarder cette histoire en face que le pays et la Compagnie pourront entamer le processus qui mène à la guérison.
Le père Peter Bisson, SJ (au centre à gauche), lors d’une table ronde sur l’histoire des pensionnats aux côtés de partenaires autochtones.
Mme Deb Haaland, secrétaire de l’Intérieur à Washington, a annoncé en 2021 une initiative fédérale sur les pensionnats autochtones (photo CNS/Graeme Jennings, Pool via Reuters).
Pour en savoir plus sur les dossiers liés aux pensionnats autochtones (en anglais uniquement).
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