Eric Immel

Une expérience marquante pour toi pendant ta formation?
Il y a plusieurs années, j’ai eu l’occasion de passer un été en Inde. J’avais déjà résidé dans différentes villes, mais c’étaient toutes des villes du Midwest des États-Unis. L’Inde, ce fut tout autre chose. Au début de mon séjour là-bas, tout me semblait aux antipodes de ce que je connaissais. J’avais toujours mangé avec des ustensiles; les Indiens m’ont appris à me servir de mes mains. Il m’avait toujours suffi d’actionner un robinet pour obtenir de l’eau salubre; en Inde, j’ai eu parfois le privilège de porter l’eau dont j’avais besoin pour la journée aux côtés de personnes très simples et qui travaillaient dur. Aux États-Unis, j’étais habitué à faire la queue discrètement; en Inde, j’ai appris à réagir et à défendre mes intérêts. J’ai découvert un bouillon magnifique d’humilité et d’énergie, de cultures et de personnes qui aiment Dieu, qui prennent soin les unes des autres et qui font face à l’adversité dans une étonnante harmonie à quatre voix. Ce fut une expérience totalement transformatrice.

En quoi ta spiritualité a-t-elle évolué depuis ton entrée dans la Compagnie?
Pour dire les choses simplement, j’ai rencontré Jésus. Je suis entré dans la Compagnie, porté par mon engagement de foi et l’idée de faire honneur aux jésuites que j’avais connus et qui m’avaient profondément influencé. Mais dès mon noviciat et en faisant les Exercices spirituels sous différentes formes au fil des années, j’en suis venu à mieux connaître la personne dont la Compagnie porte le nom. Et j’ai compris que, sans Jésus, ma vie de jésuite ne vaut pas grand-chose.

À un journaliste sceptique qui avait demandé au père Pedro Arrupe, SJ « mais qui est vraiment Jésus? », il a répondu : « Jésus est tout. » Je suis enfin en mesure d’être d’accord.