Études
Baccalauréat en administration des affaires, Saint Louis University; maîtrise en philosophie sociale, Loyola University Chicago; maîtrise en théologie pastorale, Regis College, University of Toronto
Trois mots qu’un membre de ta famille ou un confrère jésuite choisiraient pour te décrire? Et qu’en penses-tu?
Un membre de ma famille a retenu les mots « humble, compatissant et stressé », ce qui sonne assez juste! Il peut sembler vain d’admettre que je pense être humble, mais je pense que ça veut dire que je ne suis ni meilleur ni pire qu’un autre. Dans mes meilleurs jours, j’en ai conscience. Le fait que tous tant que nous sommes, nous faisons de notre mieux face aux défis que nous lance la vie nourrit en moi le désir d’être avant tout un prêtre miséricordieux. Le mot « compassion » exprime cette dimension de miséricorde; je suis donc très reconnaissant de voir qu’on m’attribue cette qualité. J’espère que cela restera vrai.
En espagnol, le mot « stress » se prononce es-stress, ce qui voudrait dire : c’est trois (es tres). Dans ma famille, on plaisante en disant qu’il faut passer par « es-tres » (trois) pour arriver à « es-cuatro » (quatre) ou même à « es-cinco » (cinq). C’est vrai que je tourne souvent aux vitesses supérieures, mais cela fait partie du plaisir que d’avoir de bons amis qui m’aident à prendre conscience de ce que je suis.
En quoi ta spiritualité a-t-elle évolué depuis ton entrée dans la Compagnie?
Elle a beaucoup évolué. Je suis entré avec l’idée que j’avais beaucoup de dons merveilleux à partager avec les autres et que Dieu m’avait comblé d’une surabondance d’amour à donner. Je crois que ces deux choses sont encore vraies aujourd’hui, mais le grand changement dans ma spiritualité, c’est la conscience d’avoir aussi des faiblesses. Sauf que ces faiblesses ne sont pas destinées aux autres, mais à Dieu. Mes défauts, mes lacunes et mes fautes peuvent être des fardeaux pour les autres, mais ils sont des cadeaux pour Dieu lorsque je les lui remets dans un esprit de confiance et d’abandon. Plus je les lui remets, moins je ressens d’amertume, de frustration, de ressentiment ou d’anxiété à leur sujet. En revanche, je trouve que le Seigneur me rend la pareille à travers les forces que je partage avec les autres. En ce sens, je fais mien le message que Paul a reçu du Seigneur au fil de sa propre conversion : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Co 12, 9). Le grand changement dans ma spiritualité, c’est que tout ce que j’ai à faire, c’est de donner ma faiblesse à Dieu, qui verra à me redonner à mesure tout ce dont j’aurai besoin pour continuer de coopérer avec Lui.