Par MegAnne Liebsch
15 juillet 2020 — Le climat est feutré sur les étages à l’hôpital Brigham and Women’s. En fait, explique Stephen Nicholson, SJ, qui travaille actuellement au service des soins spirituels de l’hôpital, le personnel et les patients ressentent une solitude envahissante.
L’hôpital est fermé aux visiteurs et les patients sont coupés de leurs proches. « Il peut être très pénible de se retrouver seul si longtemps dans une chambre d’hôpital, on est facilement désorienté », explique le père Nicholson qui essaie d’offrir « une présence apaisante et d’aider les gens à renouer avec leurs ressources profondes sur le plan de la spiritualité et de la prière. C’est énorme ».
Avec ses collègues de l’hôpital, il s’emploie à mettre les patients en contact avec leur famille grâce à des tablettes iPad, histoire de leur offrir un contact en face à face. Si certains patients sont alertes et capables de faire eux-mêmes les appels, le personnel hospitalier installe également des tablettes pour les patients intubés et sous sédatifs.
« Leur famille tient vraiment à les voir », dit l’aumônier. Pour ceux qui sont en voie de se rétablir, ces tablettes sont une bouée de sauvetage pour leurs proches, mais pour les patients qui sont en fin de vie, ce contact à distance peut être particulièrement douloureux.
« J’ai vécu une expérience profonde lorsque je me suis retrouvé dans la chambre de patients gravement malades et en fin de vie. Sainte Thérèse d’Avila a cette prière qui nous rappelle que nous sommes les mains et les pieds de Jésus dans le monde : « Le Christ n’a d’autre corps que le tien, il n’a d’autres mains, d’autres pieds que les tiens. »
Quand le père Nicholson pense aux proches qui seraient normalement au chevet d’un malade à ses dernières heures de vie, la prière de sainte Thérèse prend un sens encore plus urgent.
« Que dirait la famille? Si Jésus était ici, que voudrait-il que sache cette personne, même si elle est sous sédatif? » se demande le prêtre. Je me sens appelé, profondément, à incarner cela : tout simplement l’amour et la miséricorde de Dieu. À dire : ‘l’amour de votre famille est ici avec vous. L’amour de Dieu est ici avec vous.’ À tenir la main de cette personne. »
À une époque de distanciation sociale et d’isolement, ce « minimum de contact physique devient essentiel ».
Parfois cependant, le travail du père Nicholson ne porte pas directement sur la liturgie et sur la spiritualité chrétienne. Aux heures de crise à l’hôpital, il essaie d’apporter un peu de sérénité.
« Le seul fait d’être dans la chambre, en particulier quand il y a une crise, et d’aider tout le monde à marquer un temps de silence et à prendre une profonde respiration, ça peut aider les gens à se recentrer et ça peut être crucial, explique le père Nicholson. Au milieu de toutes ces données et de tous ces chiffres, quand le stress et l’angoisse culminent, [c’est important] de ralentir les choses et de créer un peu d’espace. »
Cette intériorisation n’est pas moins importante pour le personnel médical. Nombre de médecins et d’infirmières se sentent isolés, de plus en plus stressés par la gravité de la pandémie de Coronavirus.
« Les infirmières notamment offrent beaucoup de soutien affectif que les familles donneraient normalement à leur proche », dit le père Nicholson. Depuis le début de la pandémie, il consacre plus de temps à offrir son appui et son aide spirituelle à un personnel médical surchargé.
Plusieurs infirmières qui travaillent aux soins intensifs et auprès des malades de la COVID-19 font des heures supplémentaires pour combattre le virus. L’une d’elles travaille chaque semaine un quart supplémentaire de 12 heures. « Elle trouve que c’est important. Des gens comme ça, des histoires comme ça, il y en a partout. »
Le père Nicholson dit qu’il y a beaucoup à apprendre du dévouement du personnel hospitalier pendant la pandémie. « Ce dévouement discret, cette humilité… ça ne fait pas disparaître le mal. Mais il y a là quelque chose de plus profond. »
Brigham and Women’s a pour devise « l’union fait la force ». La formule est peut-être un peu ringarde, mais l’aumônier la rapproche du miracle des pains et des poissons.
« Qui sait d’où est venue toute cette nourriture ? demande-t-il. Était-ce un miracle… ou est-ce que ce sont les gens qui ont commencé à donner ce qu’ils avaient ? Qui sait ? Chose certaine, et c’est le sens du récit : à la fin, ils en ont eu assez et plus encore. Je crois profondément à la générosité des gens. »
Pour faire un don aux apostolat sociaux des jésuites en temps de COVID-19, rendez-vous sur www.jesuits.org/donate2020.