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Des bénévoles ignaciens proposent des solutions durables pour les organisations caritatives

Par Christine Marie Eberle

Comment accompagner efficacement plus de 900 catholiques quand on ne vous permet que 30 visites personnelles par semaine ? C’est ce dilemme auquel fait face la Maison Kolbe de l’archidiocèse de Chicago qui s’occupe du ministère carcéral dans le système de prisons du comté de Cook. En effet, le comté de Cook a limité le nombre de visites des organisations religieuses. Heureusement, Mike McGillicuddy, un bénévole ignatien fait partie du personnel de la Maison Kolbe. Avec une expérience en administration carcérale et en travail social, McGillicuddy a proposé une solution créative : des rencontres psychosociales de groupe dirigées par des bénévoles de la Maison Kolbe. Désormais, l’organisation administre une panoplie de groupes : sur l’abus de substances, la psychologie positive, la gestion de la colère, le deuil, etc. Elle explore même la possibilité d’avoir un groupe sur les Exercices spirituels avec les femmes et les hommes incarcérés.

Les bénévoles ne sont pas habituellement à l’origine d’une telle amélioration durable dans une organisation. Au contraire — bien que les bénévoles soient un élément vital de très nombreuses organisations caritatives, le renouvellement constant, l’organisation de l’horaire et la formation des nouveaux venus peuvent être un défi pour ne pas freiner l’élan de l’organisation. Toutefois, les bénévoles ignatiens, entretiennent leur passion pour le service avec une compétence et un engagement à long terme.

Mike McGillicuddy à l’extérieur de la Maison Kolbe — ministère carcéral.

Voilà comment cela fonctionne. Le Corps des bénévoles ignatiens (IVC) associe les personnes de 50 ans et plus avec des fournisseurs de services qui ont besoin de leur expertise. Les membres du Corps sont bénévoles un ou deux jours par semaine pendant dix mois ; les organisations partenaires paient une allocation annuelle modeste qui contribue à appuyer les IVC locaux et les opérations nationales. En plus de leur service, les membres du Corps se rassemblent régulièrement pour partager une formation et une réflexion spirituelles, leur permettant ainsi d’être de véritables contemplatifs en action.

Il n’est pas surprenant que McGillicuddy ait rejoint les rangs de IVC après sa retraite. Il est diplômé de Creighton Prep et détient une maîtrise de l’Université Loyola de Chicago ; la spiritualité ignatienne fait pratiquement partie de son ADN. Néanmoins, il n’est pas essentiel d’avoir reçu une éducation jésuite pour devenir bénévole ignatien. Christine Tucker a rencontré les jésuites pour la première fois alors qu’elle travaillait pour le Catholic Relief Services (CRS) au Caire. Elle venait de se joindre à l’Église catholique et recherchait une rencontre plus approfondie avec Dieu quand quelqu’un lui a suggéré de faire les Exercices spirituels. Elle ne connaissait les jésuites que dans le domaine universitaire. Quelle surprise, se rappelle-t-elle, de découvrir que la spiritualité ignatienne était totalement à propos de l’amour, Tucker était désormais conquise.

Quand elle a pris sa retraite à Baltimore, après 35 ans de carrière avec CRS, elle a cherché une occasion de bénévolat qui combinerait le service et la croissance spirituelle et qui lui permettrait de laisser aller son identité professionnelle tout en continuant de mettre ses compétences à profit. Elle a trouvé tout cela dans IVC à travers un placement auprès d’Asylee Women Enterprise (AWE), une organisation qui accompagne les demandeurs d’asile et d’autres migrants forcés pour les aider à rebâtir leurs vies. Au cours de ses cinq ans de bénévolat ignatien, elle a eu à cœur d’aider l’organisation à dire son histoire. Elle a trouvé une multitude de façons pour mettre en lumière la souffrance des demandeurs d’asile et pour encourager la communauté de Baltimore à faire l’expérience et à appuyer le travail d’AWE. Sachant que cette «histoire» avait besoin d’être tout à la fois quantifiable et anecdotique, elle a dirigé ses efforts vers la compilation de tout ce qui pouvait être retracé — des statistiques jusqu’aux contributions financières — permettant ainsi à AWE de présenter une argumentation plus convaincante à des bienfaiteurs potentiels. Et quand la pandémie a frappé, elle a aidé l’organisation à faire la transition entre la formation en présence et la formation en ligne, et la distribution des repas vers un système de livraison alimentaire sans contact.

Chris Tucker (deuxième à partir de la gauche, en haut) avec le personnel d’AWE, les participants et les bénévoles au Downtown Sailing Center. La régate de RCM&D a été l’événement qui a profité à de nombreuses organisations du Maryland. Cette année-là, en particulier, AWE a été l’un des bénéficiaires ainsi que le gagnant de la troisième place !

Comme illustré dans l’histoire de Tucker, les défis engendrés par la pandémie ont également ouvert une porte. En effet, avec les agences partenaires qui passaient en mode virtuel, IVC n’était plus limité par son empreinte géographique. Cela a ouvert la porte au service pour Craig Schulte, un ancien étudiant de Marquette. Suite à sa retraite à titre de professionnel des ressources humaines, Schulte est devenu bénévole ignatien — malgré le fait qu’IVC n’était pas présent dans sa ville. À partir de son salon à Cedar Rapids, en Iowa, Schulte travaille avec Jesuit Worldwide Learning, qui appuie un programme de coordination des sports pour les jeunes vivant en camps de réfugiés au Rwanda. De chez lui, et loin de sa zone de confort, il est reconnaissant d’avoir la chance de contribuer à l’enrichissement des jeunes pour qui la vie est incroyablement difficile. Afin de soutenir ce genre de membre, IVC a mis en place une communauté virtuelle qui se rencontre mensuellement, avec la participation et le partage du processus de lecture et de partage au même titre que les membres du Corps qui peuvent en profiter en présence dans différentes régions géographiques.

La possibilité des placements de service en virtuel est une bonne nouvelle pour John W. Green, le vice-président d’IVC pour l’engagement avec les partenaires ; ce dernier a été engagé en 2019 pour diriger l’initiative Currie Alumni Partners in Service (CAPS). CAPS vise à renforcer les relations des écoles jésuites avec leur plus grand contingent d’alumni — ceux et celles qui approchent de la retraite. Le rayon d’action de John Green ne se limite plus à ceux qui vivent dans les régions IVC ; toute personne qui prend au sérieux son identité comme étant une personne pour les autres est bienvenue. Dans la continuation des traditions ignatiennes enracinées au cours de leurs premières expériences universitaires, les alumni de plus de 50 ans découvrent une nouvelle avenue de générativité plus tard dans leur vie, ainsi qu’une communauté spirituellement nourrissante.

Craig Schulte

Cette composante communautaire est ce qui pousse plusieurs bénévoles ignatiens à poursuivre leur engagement année après année. Mike McGillicuddy reconnaît qu’il aurait pu s’engager directement auprès de la Maison Kolbe, mais il ajoute qu’il n’échangerait pas la communauté de foi qui vient avec le service IVC. Éduqué doublement par les jésuites, il est heureux de connecter avec ces racines lors des journées de récollection mensuelles et les retraites annuelles ; et il savoure ses liens avec les autres personnes qui suivent le même chemin. En réfléchissant aux défis de la vie après la retraite, McGillycuddy songe que les hommes, particulièrement, « se sont souvent trop investis dans le travail pour trouver un sens et un sentiment d’appartenance. » Très simplement, le Corps de bénévoles ignatiens lui a ouvert un monde, à la fois rempli de sens et d’amitié.

Chris Tucker fait écho à la gratitude de McGillicuddy quant à la formation de foi continue qu’elle reçoit à travers IVC. Quoiqu’elle prend actuellement une année sabbatique pour discerner les prochaines étapes (tout en suivant la formation pour donner les Exercices spirituels), Tucker devient émotive quand elle décrit l’impact que son service a eu dans sa vie, « C’est comme dans le passage de Corinthiens à propos des différentes parties du corps, » dit-elle. « Si souvent, alors que nous faisions chacun notre part, j’ai fait l’expérience du corps du Christ et de la présence de Dieu. »

IVC a été fondé en 1995 par les jésuites Jim Conroy et Charlie Costello ; ils avaient alors réuni 11 femmes et hommes à la retraite afin de combiner le service des pauvres avec l’unique processus de la réflexion spirituelle. Vingt-six ans plus tard, l’organisation — située à Baltimore — est administrée par une équipe laïque de leadership national en coordination avec les 21 directeurs des chapitres régionaux ; 500 membres du Corps sont déployés pour répondre aux besoins de notre temps.

Pour voir toutes les villes où IVC agit — ou pour explorer la possibilité d’un placement virtuel — visitez notre site web et faites l’expérience de transformer les choses !

Christine Marie Eberle fait partie de l’IVC de Philadelphie et du conseil régional de South Jersey. Elle est l’autrice du livre « Finding God Abiding, » qui sera bientôt publié ; ainsi que d’autres ouvrages. Lisez davantage sur Christine à www.christine-marie-eberle.com.

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